samedi 1 janvier 2011

Tandis qu’en Espagne, entre 1936 et 1939,


l’anarchiste était considéré comme si dangereux pour la société qu’il convenait de lui tirer dessus des deux côtés (en effet, il n’était pas seulement exposé, de face, aux fusils allemands et italiens mais aussi, dans le dos, aux balles russes de ses « alliés » communistes), l’anarchiste suédois est considéré dans certains cercles radicaux, et en particulier marxistes, comme un romantique impénitent, une sorte d’idéaliste de la politique aux complexes libéraux profondément enracinés.


Extrait de Stig Dagerman, La dictature du chagrin & autres écrits politiques (1945-1950), Traduit du suédois par Philippe Bouquet, Textes rassemblés par Héléna Autexier, « Mémoires sociales », Agone, 2001.

Rédigé à l’occasion du deuil national qui suivit le décès du roi Gustave V, cet article constituait, en date du 4 novembre 1950, l’éditorial d’Arbetaren (Le Travailleur), journal de la Fédération anarcho-syndicaliste suédoise dont Stig Dagerman fut membre pendant toute sa vie. L’article provoqua de très vives réactions dans la presse et Dagerman fut invité à aborder de nouveau ce sujet sur les ondes de la radio suédoise le 16 décembre 1950.